Quand le harcèlement au travail ne passe plus
Le 22 septembre dernier, Julie Camille, victime de harcèlement dans la pub, crée un compte instagram : Balance Ton Agency avec une ambition simple : “Nous travaillons dans un secteur qui améliore l’image de nos clients afin de leur donner une attitude positive et vertueuse aux yeux du grand public, et pourtant, le climat interne de certaines agences est catastrophique. Nous nous sommes donc donnés pour mission de dénoncer les abus dans ce milieu”. Aujourd’hui, avec près de 70 000 followers, le compte a déjà mis deux pontes du milieu hors d’état de nuire : Laurent Habib, fondateur de l’agence Babel, accusé de harcèlement sexuel et Julien Casiro, fondateur de l’Agence Braaxe. Retour sur un phénomène qui prend de l’ampleur.
Des employés qui se tournent vers les réseaux sociaux
Faute de suffisamment de structures collectives pour encadrer la souffrance au travail, de nombreux salariés ou freelance témoignent d’agressions, expriment leur indignation sur les réseaux sociaux. Pour la sociologue Danièle Linhart, interrogée par l’ADN, cela s’explique notamment par le fait que “Les issues et recours traditionnellement encadrés par les syndicats ou les collectifs de travailleurs ont été peu à peu effacés”. Ainsi, “Le fait d’utiliser les réseaux sociaux en dit long sur le sentiment qu’il n’y a plus de relais collectif et institutionnel pour traiter l’injustice que l’on ressent”. Le milieu redoutant alors des révélations en cascade, les agences mettent au point un dispositif d’urgence : des actions en faveur de l’égalité femme-homme et des formations obligatoires pour les managers. COM-ENT par exemple, première organisation de communicant.e.s de France, lance une ligne d’écoute gratuite pour les salarié·es du secteur. Mais ce mouvement récemment enclenché ne fait sans doute que commencer.
Une prise de conscience générale
Pour Elise Fabing, 37 ans, avocate en droit du travail, s’investissant aux côtés des fondateurs de Balance ta start-up “Parce que savoir c'est pouvoir. Quand les salariés connaîtront leurs droits, on prendra le chemin d'un monde du travail plus juste, plus équilibré”. Dans le magazine Elle, elle donne ainsi plusieurs conseils pour faire face à des situations de violences dans le monde professionnel :
1. Gardez des traces écrites
2. Transférez des éléments clés sur votre boîte mail personnelle
3. Prenez connaissance de vos droits
4. Alertez
5. Sollicitez la reconnaissance d’une maladie d’origine professionnelle
6. En cas d’entretien préalable, faites-vous accompagner
7. Demandez une précision de motifs en cas de licenciement
8. Abandonnez votre syndrome de la bonne élève
9. Faites une pause si nécessaire
10. Ayez des activités pour vous en dehors du travail
Et cela prend tout son sens, lorsque l’on sait, comme le rappelle la sociologue Danièle Linhart que “Maintenant, chacun souffre seul dans son coin, en ayant tendance à penser que les autres vont bien”.
Sources
start.lesechos
Welcome to the jungle
Crédit photo
Nadine Shaabana