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Retour vers le futur, avec Samuel Athlan

Entrepreneur, Product Coach, Speaker, Writer, Samuel a plusieurs cordes à son arc. 
Parce que cette période nous pousse à l’introspection et à des remises en question assez profondes quant à notre rapport à notre vie professionnelle mais aussi personnelle, nous avons posés les quelques questions qui nous taraudaient à ce spécialiste d’empêcher de tourner en rond. 

Merci à lui ! 

Version longue en vidéo (Talk intégral de Samuel)

Version courte:


1_Comment vis-tu cette période de crise sanitaire d’un point de vue personnel ? 

Plutôt bien. 
J’en profite pour passer du temps en famille, lire, écrire et informer (via un site dédié au COVID créé avant que la France ne se mette à l'arrêt complet).


2_Et d’un point de vue professionnel ? 

J’avais anticipé les choses donc j’ai peu à peu terminé l’ensemble de mes missions avant le confinement afin qu’il n’y ait pas de souci à ce niveau-là lorsque cela arriverait. 
Aujourd’hui, j’ai quelques missions de conseil qui reprennent, principalement du conseil en gestion de crise pour anticiper le futur incertain en mettant en place une organisation qui soit adaptable aux changements.

3_Penses-tu que l’on puisse retirer des bénéfices du confinement ? 

Ce confinement est pour moi une opportunité unique, d’abord personnelle et intime : 

  • L’humain s’est (trop) acclimaté au confort moderne donc c’est une piqûre de rappel utile.

  • Prendre le temps pour soi et avec sa famille. On dit toujours en manquer en temps normal, mais là, on en a pour de vrai. Même lorsqu’on travaille, on a du temps le matin, le midi et le soir.

  • Repenser nos modes de vies (moins de consommation futile, plus d’écologie, moins d’usage unique, moins de voyages)

En plus de ces grandes questions philosophiques, il va falloir : 

  • Apprendre à savoir faire plus de choses (on va tendre vers un monde où les généralistes seront plébiscités).

  • Apprendre à déléguer et faire confiance car les innovations arriveront des individus eux-mêmes, du terrain.

4_Comment garder la motivation de ses salariés à distance ? 

Nombre d’entreprises que j’ai conseillées avant cette pandémie étaient réticentes au télétravail. Cette crise est l’opportunité de tester le télétravail à vitesse grand V. 
La motivation de ses salariés repose sur un seul critère : la confiance. Je parle de la vraie confiance, celle qui est palpable et bienveillante.
Tout.e salarié.e disposant de la confiance se sentira soutenu et sera motivé. En fait, les salarié.e.s sont des hommes et des femmes comme les autres et ils disposent de leur propre discernement leur permettra de sentir lorsqu’on leur fait réellement confiance et lorsque ce n’est pas le cas.
Cette crise est aussi l’opportunité de bousculer la notion même de hiérarchie car elle nous permettra de voir qui produit quoi et de mettre en lumière des incohérences dans la structuration des entreprises.
Peut-être cela permettra d’arriver plus vite vers des entreprises OPALE où les individus ne sont pas contrôlés mais forment les parties d’un même tout. La gestion de ces organisations remet l’humain au centre et fonctionne en étant à son écoute. Loin d’être une utopie, Frédéric Laloux décrit l’exemple de 12 organisations qui représentent déjà ce nouveau paradigme et peut-être le futur de nos organisations dans son livre “Reinventing organizations”


5_A ton avis, est-on en train de vivre une période de transition, qui va favoriser l’accès au télétravail pour les salariés qui le souhaitent par la suite ? 

Je le crois sincèrement oui. Les entreprises y ont été forcées. Un mouvement était en marche depuis plusieurs années déjà avec notamment l’inscription dans le code du travail en France. 
Désormais, cette expérience inédite aura permis de démocratiser le télétravail. 
D’autant que je suis convaincu que ce virus va impacter durablement la manière dont nous allons vivre. Du coup, ces périodes de confinement risquent de se répéter ça et là jusqu’à ce que nous arrivions à juguler la contagion et ce ne sera pas avant fin 2020 au minimum. 
Donc les entreprises vont s’adapter et les salarié.e.s auront l’opportunité de l’instituer durablement.

6_Quelle(s) serai(en)t pour toi la ou les leçon(s) à retenir de cette période ? 

  • Humilité 

Nous avons parfois été trop arrogant avec la nature, avec les autres et nous avons collectivement pris une confiance trop importante dans l’être humain. Il a suffit de voir les médecins dire que ce n’était qu’une petite grippe au début de l’épidémie pour comprendre que nous avons perdu d’esprit critique et de discernement personnel. 

  • Long-terme vs Court-terme = Gratification différée 

Nous oublions que les grandes choses d’aujourd’hui sont le résultat des grandes décisions d’hier. Prendre une grande décision est assurément difficile. Nous avons eu trop tendance à prendre des petites décisions court-termistes car c’est plus facile et nous ne prenions plus le temps d’analyser les choses pour des grandes décisions (l’impréparation du gouvernement sur les lits de réanimation ou les masques en est la preuve malheureusement).

  • Interdépendance 

Nous sommes tous interdépendants les uns des autres et je pense que dans la société individualiste dans laquelle nous vivons, nous avions un peu oublié que nous sommes, en fait, tou.te.s liés les un.e.s aux autres. C’est aussi un bon moyen de se souvenir que la somme de nos comportements apporte une réponse globale importante. Dans le bon sens comme le mauvais. Cela rejoint ce que j’évoque plus haut sur les entreprises OPALE et si nous nous mettons collectivement à faire des choses bien et à nous faire RÉELLEMENT confiance.

6_Aurais-tu quelques conseils pour bien vivre cette période des fois un peu anxiogène ? 

  • Se consacrer des moments pour déconnecter complètement de tout outil numérique qui favorise l’instantanéité des choses et provoque une sorte d’enfermement. Lorsqu’on déconnecte, on retrouve une certaine liberté. On peut en profiter pour lire, jouer à des jeux de société, jardiner, discuter, etc...

  • Ecrire ce qu’on ressent sur un petit carnet ou même une simple feuille. Cela aide à relâcher les choses négatives et célébrer les choses positives. Cela agit comme une mise au point personnelle de ce qu’il se passe dans le cerveau et relâche la pression pour y faire de la place pour les futures choses à y mettre. Personnellement, avec mes enfants, on a créé un cahier des émotions des kiffs. Concrètement, on écrit les émotions de la journée (parfois avec des smileys ou les personnages de Vice Versa) et elles me dictent ce qu’elles ont ressenti. Je fais de même avec mes émotions. Et pour les kiffs, nous écrivons ce que nous avons apprécié de cette journée. Nous ne le faisons pas tous les jours, mais c’est un exercice que nous aimons tou.te.s faire désormais.

  • Des études ont montré que prévoir un voyage procure quasiment autant de plaisir que le vivre. Et c’est cette anticipation de bonheur qui en procure beaucoup. Avec tout ce qu’il nous arrive, il se peut que nous ne connaissions pas de voyages dans un futur proche. Alors, on peut se faire des apéros virtuels mais je conseille de commencer à prévoir des moments de retrouvailles dans 2-3 mois avec des dates précises mises dans l’agenda. Même si cela ne se fera pas forcément, cela peut nous amener du bonheur par anticipation et nous permettre une attente plus douce. Et si cela est repoussé, tant pis, l’espoir continue pour une date ultérieure.


Propos recueilli par Juliette S.